Manifone, l’opérateur télécom qui aide à limiter le télémarketing sauvage
Depuis Vannes, un opérateur télécom -spécialiste des centres de contacts- a conçu et développé des services qui permettent, aux sociétés de vente à distance et aux spécialistes du télémarketing d’appeler des prospects de façon raisonnable et légale.
En résumé, de respecter et Bloctel et exigences de résultats dans les campagnes de télévente. Découvrez ici le portrait de son fondateur, un entrepreneur atypique et visionnaire.
Les entretiens qui suivent ont été déclassifiés. Ils ont été menés depuis des années, entre la rue Paul Dupuy et la Place aux Bois, au-dessus des quais de la Compagnie des Bateaux. Paris, Annecy, Doussard, l’agent Lounis est passé dans ces villes mais l’histoire commence à Oran ou à Halle, je ne sais plus trop. Ouvrons le dossier.
C’est lorsque des DSI (directeurs des systèmes d’information) réputés, salariés de très fameux outsourceurs, ont été aperçus sur le stand de sa petite entreprise, qu’on a commencé, dans le métier des centres d’appels, à parler de Lounis Goudjil. Pourquoi diable des cadres que tous les prestataires tentent de voir et rencontrer (pour leur proposer leurs services), habitués aux danses du ventre sur Linkedin, se déplaçaient-ils en personne sur un stand ?
Sur le champ de bataille auquel ressemble le paysage des télécoms depuis son ouverture, le fondateur de Manifone ne vend pas de kalachnikovs, ne dispose pourtant pas d’un stock de pièces détachées recherchées. Sa mission, qu’il a acceptée, est plus paisiblement, tranquillement, d’acheminer la voix -via les bonnes routes-, d’organiser des entretiens durant lesquels les parties peuvent échanger. Des « tueurs » serbes l’aident dans cette mission, qu’il a connus dans des bars, comme d’autres personnages importants de son entourage.
Pièce à conviction 1 : extraits des retranscriptions d’entretiens enregistrés
En-Contact : D’où venez-vous Lounis ?
Lounis Goudjil : Je suis né, à Halle-sur-Saale, en Allemagne, en Octobre 1966. Ma mère est une allemande de l’est et mon père, lui, est algérien. J’ai passé mon baccalauréat C à Oran, en Algérie et suis entré à la faculté des sciences à Grenoble. Un DEA à Aix-en-Provence, puis un Mastère en « Strategic Management » à HEC.
Pas si vite, quand et où rencontrez-vous Chakib ?
Vous parlez de Chakib Abi-Ayad, mon ami et associé ? C’est à HEC, précisément.
C’est à Jouy en Josas que vous avez conçu ce système qui intéresse tant de gens ? Il va falloir commencer à nous dire la vérité, Lounis. Dans le bureau du dessus, ils ne seront pas si patients. Les deux serbes, que vous appelez avec affection « des tueurs » dans les enregistrements, à quel moment les rencontrez-vous ?
C’est en effet une longue histoire. Mon premier job m’a amené à Saint-Rivalain, dans le Morbihan. J’étais chef de produit et commercial pour différents produits non-tissés en charge de l’international pour une société industrielle américaine qui s’appelait Lydall. Ensuite, et toujours pour une société américaine, j’ai occupé le poste de directeur marketing et ventes.
Après ces diverses expériences en entreprises américaines, avec Chakib, on a créé Export Booster, une société de conseil en marketing BtoB pour des sociétés américaines désireuses de s’implanter en Europe. L’aventure s’est soldée par un dépôt de bilan après des expériences de diversifications hasardeuses en Algérie.
On retrouve pourtant votre trace à Vannes et toujours avec Chakib… et là vous êtes bien dans les télécoms ?
Oui et non. J’ai en effet créé Manifone à Vannes, en 2006, mais Chakib ne m’a rejoint en tant qu’associé et Directeur Commercial que fin 2011. L’idée de départ était de fournir un service BtoC de téléphonie discount aux personnes appelant beaucoup l’international depuis leurs mobiles. Le principe était simple : remplacer les numéros internationaux appelés par des numéros français de substitution. Un virage stratégique vers le BtoB est opéré en 2012, du fait de l’apparition des opérateurs mobiles ethniques et de l’avènement de Skype et autres, comme Viber, etc. Notre business historique était condamné…
On y reviendra, n’essayez pas de nous perdre. Vous êtes bien là, ni condamné ni agonisant, si j’en juge par ces putains de classements à la noix des Top Croissance ceci, FT best performers… Vous l’avez oubliée, la première règle, la discrétion ?
Vous ne devriez pas mettre tout le monde dans le même sac. Le Financial Times ne publie pas de classements pour faire plaisir à ses lecteurs ou ses annonceurs. Ils nous ont trouvé, nos chiffres étaient bons, on a pensé qu’après ces années dans l’ombre, on avait le droit de sortir de nos planques. La guerre froide, c’est fini. D’ailleurs, tout s’est joué précisément à Vienne.
[ Il va nous rendre fous, Vienne maintenant ! Agent Lounis, les films d’espion avec Lino Ventura, des rencontres dans des squares, devant le kiosque à musique, c’est terminé On ne va pas y passer la nuit. Il nous reste un petit quart d’heure, et selon ce que vous allez nous raconter, le dossier, on le referme. Ou pas.]
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