Quand une habitante d’un petit village se fait usurper son numéro par une plate-forme de télémarketing…

Publié le 7 juillet 2021 | Par Pacitel

Résidant dans le charmant village de Villegongis (136 habitants dans l’Indre), Joëlle souhaite garder l’anonymat. Et franchement on la comprend : pendant plusieurs jours, elle a subi les appels téléphoniques excédés, voire même des visites physiques devant son domicile de consommateurs tout aussi furieux. Son crime ? Aucun. Simplement de s’être fait apparemment usurper son numéro de téléphone fixe par une plate-forme de télémarketing. Car c’est bien son numéro qui apparaissait sur l’écran des téléphones des « victimes » de son voisinage, harcelées jour et nuit, souvent même pour des appels muets. Victimes qui n’ont pas eu trop de difficultés à trouver l’identité et l’adresse de Joëlle par le biais des annuaires inversés. Usurper ainsi un numéro de téléphone existant est-il possible techniquement ? Y a-t-il des précédents en France ou à l’étranger ? Pourquoi cette histoire tombe-t-elle particulièrement mal dans le contexte actuel ? Comment les projets d’encadrement réglementaire du télémarketing peuvent-ils empêcher ce type de pratiques ?
La rédaction d’En-Contact, alertée par cet article de la Nouvelle République du Centre paru le 12 octobre a mené l’enquête. En attendant de découvrir nos conclusions, place aux faits.

Son numéro de téléphone usurpé par une plateforme d’appels

Le robot automatisé d’un centre d’appels téléphoniques a utilisé le numéro de téléphone de cette habitante de Villegongis afin de démarcher de très nombreuses fois des Indriens.
Persuadées qu’elle s’adonnait à des appels téléphoniques malveillants, de nombreuses personnes ont contacté cette habitante de Villegongis qui n’y était pour rien, puis sont venues jusque chez elle bien désireuses de faire cesser ses appels. Le souci, c’est que Joelle n’y était pour rien et que cette intrusion l’a effrayée. Pendant un mois, Joëlle, une habitante de Villegongis, a donc vécu un véritable cauchemar. « Je suis sur les nerfs. Ma porte est fermée à clé et je laisse mes rideaux fermés ». De nombreuses personnes s’imaginent en effet que cette quinquagénaire s’adonne à des appels téléphoniques malveillants
Eh bien, pas du tout. Cette dernière se serait simplement fait usurper son numéro de téléphone par une plateforme d’appels téléphoniques. « Des centaines de personnes de l’Indre ont ainsi été appelées trois, quatre voire cinq fois par jour, parfois même de nuit sans que personne ne soit au bout du fil », explique Jean-Marc Sevault, le maire. Conséquence : des interlocuteurs lassés voire agacés par ces appels intempestifs notaient le numéro qui s’affichait sur leur combiné : le 02.54.36.98.12, avant de le rappeler. Et tombaient ainsi sur la malheureuse Joëlle. « Malgré ces dénégations, cette dernière s’est fait insulter. A tel point qu’au bout de deux jours, elle a dû débrancher son combiné afin de ne plus être importunée. Elle a même dû changer de numéro et se mettre sur liste rouge », ajoute le maire de la petite commune de 150 âmes.

Insultes et courriers menaçants

« Joëlle est vraiment traumatisée par ce qui lui arrive », s’étonne Annick, une proche voisine.
Conséquence : les gendarmes de la brigade territoriale de Levroux sont alertés. Tout comme l’opérateur téléphonique Orange. « Ce phénomène frauduleux est très rare. Il émane d’un un call center, client d’un opérateur télécom tiers, qui n’est pas client d’Orange, » explique Olivia Mardon, chargée de communication chez l’opérateur historique. Un robot, programmé avec le numéro de cette cliente, contacte automatiquement différents interlocuteurs. L’appel n’étant pas masqué et correspondant à l’indicatif de l’Indre, ces derniers répondent ainsi plus facilement. La plupart des cas, personne n’est au bout du fil. « Orange n’est pas responsable de cette pratique. Nous avons mis tout en œuvre pour limiter la gêne à cette cliente. Nous lui avons attribué un nouveau numéro et effacé ses coordonnées de nos annuaires », ajoute Olivia Mardon.
Aucune procédure judiciaire n’a été lancée par le parquet, une plainte pour « usurpation d’identité » n’étant pas correcte. « Il s’agit d’un problème technique », précise un officier de gendarmerie. Une enquête est malgré tout en cours, avec le concours des gendarmes N’Tech, qui vont tenter de remonter jusqu’à l’origine du problème.